100 ans d'histoire de l'Eglise Evangélique Francophone du Caire

Au temps de Mohamed ALI, sous lequel l’Egypte a subi un grand essor, affluaient de tous coins d’Europe des commerçants, des ingénieurs, des industriels et autres. Parmi eux se trouvaient maints protestants appartenant aux diverses confessions : Anglicans, Presbytériens, Reformés, et Luthériens.
En 1850, par exemple, on comptait environ 250 protestants venus en Egypte de divers pays d’Europe. La majorité s’était installée à Alexandrie, où se trouvaient les importantes maisons d’importation du coton égyptien. Ce fut donc à Alexandrie que se constitua une Eglise Protestante et cela bien avant l’Eglise Evangélique du Caire.
Avec le temps le nombre de protestants augmentait, et comme la plupart d’entre eux éprouvaient le vif désir de se rassembler pour prier, chanter, louer Dieu, écouter sa parole et participer à la Sainte Cène, quelques-uns prirent l’initiative et décidèrent de constituer une Eglise. Ce fut donc en 1853 que les premiers hommes et femmes se réunirent ensemble et célébrèrent à Alexandrie pour la première fois un culte. Mais à ce moment ils n’avaient ni église ni pasteur. Il se trouvait un pasteur écossais à Alexandrie qui aidait fraternellement les protestants d’Alexandrie de langues allemande et française, les invitant dans sa propre église et y prêchant en allemand. Le pasteur anglais se chargeait de baptiser les enfants qui étaient nés entre temps. Une assemblée des protestants eut lieu au Consulat de Prusse à Alexandrie et elle constitua l’Eglise Protestante le 23 Novembre 1856. Environ un an après la constitution de l’Eglise arriva le premier pasteur allemand, Sior, qui tint son premier sermon lors de son installation, le dimanche le 25 Octobre 1857.
Une année après l’installation du pasteur à Alexandrie, c’est-à-dire en 1858, apparurent aussi les premiers signes de vie d’une Eglise Protestante au Caire. Les protestants de la Capitale pensèrent, à leur tour, à former une Eglise. En attendant l’arrivée et l’installation d’un guide spirituel, les fondateurs de cette nouvelle communauté firent appel au pasteur alexandrin. Le pasteur Sior tint donc la première prédication au Caire le 1er Octobre 1858 dans la chapelle de l’église écossaise. Par la suite il devait retourner à la Capitale chaque troisième dimanche du mois pour la célébration de l’office religieux. Cette Eglise protestante du Caire resta encore 14 ans sans pasteur, une Eglise annexe de l’Eglise d’Alexandrie, jusqu’à ce que la communauté appelle et installe un pasteur en 1872.  
C’est ainsi que des protestants de différentes nationalités s'étaient constitués au Caire par statuts des 17 novembre 1872 et 23 Février 1873 en une "Communauté Evangélique de langues française et allemande."
Entre temps s’était formée une autre Eglise Protestante au Caire. Le 28 Février 1864 se réunirent des Protestants de langue allemande pour constituer une Eglise, dite Evangélique. Comme l’Eglise-mère à Alexandrie, elle s’est mise sous la protection du Consulat de Prusse. Cependant cette nouvelle communauté était devenue une Eglise purement allemande, et se nommait par la suite « Eglise Evangélique allemande du Caire ». Pendant un certain temps elle resta aussi, comme l’Eglise Evangélique du Caire de langue française, une filiale de l’Eglise Protestante d’Alexandrie, et reçut dans la même année (octobre 1872) son premier guide spirituel, le pasteur Dr. A. Trautvetter. 
La différence entre ces deux Eglises-sœurs issues de l’Eglise Protestante d’Alexandrie, leur Eglise-mère, est que la première, de langue française, était de tradition calviniste, tandis que la seconde, de langue allemande, était de tradition luthérienne. Quant à l’Eglise-mère, elle comprenait les Luthériens et les Calvinistes. Les deux Eglises filiales devinrent par la suite indépendantes, mais l’Eglise Evangélique du Caire garda un lien étroit avec l’Eglise Protestante d’Alexandrie jusqu’à aujourd’hui. 
L’Eglise allemande et l’Eglise francophone continuèrent ensemble leurs activités cultuelles quelque temps. Mais suite à des problèmes linguistiques, la minorité de langue française fut amenée à constituer une Eglise séparée, appelée «Eglise Evangélique du Caire ». Cette décision fut consacrée officiellement par le vote d’une assemblée de fidèles, le 5 décembre 1909. Les statuts furent définitivement établis le 29 décembre 1910. La partie germanophone restante devint alors la "Deutsche Evangelische Kirche"(Eglise Evangélique Allemande) et fusionna avec celle qui existait depuis 1864.
Dès 1895, sur initiative de M. Ernest Cramer et Edmond Naville, l’égyptologue, et moyennant une importante subvention de leur part, cette minorité linguistique bénéficia des services d’un pasteur de langue française envoyé par la Société évangélique de Genève, et tenu de lui faire parvenir des rapports mensuels sur son activité. Pendant plus de 20 ans, le Caire fut en sommel’un des nombreux postes saisonniers d’évangélisation de cette société. Tout cela se passait sous le ministère du pasteur François MOREL, qui s’en alla quelques mois plus tard. Deux pasteurs furent encore envoyés au Caire par la Société Evangélique de Genève. M. H. VERMEIL (1912 – 1913) et M. Louis ROLLI (1913 – 1919). Après le départ de ROLLI, l’Eglise resta sans pasteur attitré pendant cinq ans, durant lesquels elle eut recours occasionnellement au ministère du Pasteur Pons de l’Eglise vaudoise du Piémont (au Caire cette Eglise n’existe plus), puis du Pasteur Mojon d’Alexandrie. Depuis l’automne 1924, elle fut desservie sans interruption par les pasteurs RACCAUD (1924 – 1932), RILLIET (1932 – 1933) et ECUYER (1933 1953). A cette époque, elle était devenue complètement autonome et n’avait plus aucun lien avec la Société Evangélique de Genève.
Après la révolution de Nasser et le départ de nombreux ressortissants étrangers, l’Eglise a connu une période difficile qui s’est poursuivie jusque dans les années 1980, époque à laquelle le temple du centre ville a été cédé aux protestants égyptiens de l’Eglise Copte Evangélique. Le flambeau allait-il s’éteindre ? Au sein du protestantisme suisse et français, une prise de conscience s’est faite jour sur l’importance de maintenir et développer une présence protestante francophone en Egypte. Un nouveau pasteur, en la personne de Martin BURKHARD, fut envoyé avec une mission de reconstruction en 1992 : il allait donnait un nouveau souffle à une communauté aujourd’hui bien vivante et en croissance.
 
L'EEC, après avoir célébré ses cultes chez l'un ou l'autre de ses fidèles, puis dans des locaux loués, avait pu construire un temple au centre du Caire, à Isaaf. Ce temple fut inauguré le 10 Décembre 1910, ensuite il fut cédé en 1986 à une Eglise copte évangélique. Depuis, l'Eglise se réunit dans des lieux de culte appartenant à d'autres communautés. Un projet d'achat d'un lieu de culte est en cours.
L'Eglise Protestante d'Alexandrie (EPA), privée de pasteur depuis plusieurs années, et avec qui l'EEC entretient un lien étroit, est desservie par le pasteur de l'EEC depuis sa relance en 1992. Le 12 Décembre 1992, les deux Eglises, par le biais de leurs Conseils respectifs, décidèrent leur fusion, qui sera scellée le 1er Mars 1998 par l'approbation d'une assemblée des deux Eglises.
Comme résultat de cette fusion, un Conseil unique conduit ces deux Eglises protestantes francophones du Caire et d'Alexandrie, et un seul pasteur établi au Caire dessert les deux communautés. Ce dernier est envoyé en Egypte à travers un organisme chrétien missionnaire "l'Action Chrétienne en Orient "(ACO-branche franco-suisse).
 
Ces deux communautés, actuellement composées de membres de pays et d'Eglises d'origines différentes, en majorité africaines, sont en communion étroite avec les Eglises protestantes de France et de Suisse par le biais de l'ACO, de la Commission des Eglises Evangéliques d'Expression Française à l'Extérieur (CEEEFE), aujourd’hui Communauté d’Eglises protestantes francophones, de la Fédération Protestante de France (FPF), de la Fédération protestante suisse (FPS), de la Commission des Eglises suisses à l’extérieur (CESE) et deDM-Echange et mission, suisse. En Egypte, elle est liée à la Fédération Protestante Egyptienne (le Synode du Nil).

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